C’est en effet ce sentiment qu’on peut avoir de nos jours où il semble falloir payer pour tout ce dont nous avons besoin. Et que donc tout ce qui se fait, produit ou service, n’existe que parce qu’on va rétribuer le fournisseur, le travailleur, pour sa prestation. Or cela créé un problème éthique relatif à la générosité et la libéralité, une sorte de mesquinerie naturelle, où il n’y aurait plus de place pour une noblesse de partage et de réciprocité des échanges. Olivier Frérot parle ainsi de l’entredonne qui devrait remplacer l’entreprise.
Or s’il est erroné de chercher à se justifier, tout comme je trouve surprenant d’expliquer ses motivations, je dirais néanmoins que ce blog existe parce que j’ai ressenti un manque dans mon existence que je cherche à combler. Les informations et réflexions que j’écris et publie ici, j’aurais aimé les connaître bien plus tôt, elles m’auraient aidé à mieux choisir quoi faire dans ma vie, et comment le faire. C’est donc le fruit d’une méditation de plusieurs décennies, que je transpose aisément, sans effort, sans besoin d’un temps précieux, par écrit. Pour quelle raison devrais-je alors chercher à vendre ces articles plutôt que les distribuer gratuitement ?
C’est alors qu’on se demandera si les activités lucratives seraient une forme de justification morale commune ? Gagner son pain serait une sorte de finalité naturelle de la vie. Nous naîtrions pour faire commerce de notre force de travail. Est-ce bien là un vœu commun, universel ? Cela ne ressemble-t’il pas plus à une sorte de condamnation à des travaux qui sont forcés par l’obligation de payer pour se nourrir, se loger, se vêtir ? Ne pourrait-il pas plutôt exister un système dans lequel chacun s’emploie à produire quelque chose qui manque à la communauté, spontanément ?
Si l’idée que « rien n’est gratuit » domine notre société moderne, elle peut également être mise en perspective à travers l’émergence de l’économie de partage. Des modèles alternatifs commencent à émerger, remettant en question la notion selon laquelle chaque service ou produit doit avoir un prix attenant. L’économie de partage s’appuie sur des principes de collaboration, de communauté et de mise en commun des ressources. Des plateformes comme Wikipedia, où la connaissance est partagée gratuitement, ou les logiciels en open source illustrent ce changement vers des valeurs plus collaboratives.
Cependant, dans un monde où le coût de la vie semble constamment augmenter, la question de savoir si les activités lucratives sont une justification morale commune persiste. Gagner son pain est souvent considéré comme une nécessité pour subvenir à ses besoins essentiels. Mais cela soulève une interrogation sur la nature de cette nécessité. Est-ce une obligation intrinsèque ou le résultat d’une construction sociale ?
Au-delà de la Subsistance :
L’idée de travailler pour satisfaire ses besoins fondamentaux peut sembler élémentaire, mais l’exploration de modèles alternatifs suggère qu’il pourrait exister des formes d’activité économique qui vont au-delà de la simple subsistance. L’idée serait que chacun contribue à la communauté en produisant quelque chose d’utile, non pas par contrainte, mais par choix et volonté. Cette perspective ouvre la porte à une redéfinition de la finalité du travail, en le considérant comme une contribution positive à la société plutôt que comme une obligation pécuniaire.
Vers une Économie de la Contribution :
Imaginons un système dans lequel chacun s’engage à mettre ses compétences au service de la communauté, de manière spontanée et altruiste. Une économie de la contribution, basée sur le partage des talents et des ressources, pourrait encourager la création d’une société où les besoins fondamentaux sont satisfaits sans sacrifier la noblesse du partage et de la réciprocité. Cette vision audacieuse pourrait remettre en question les paradigmes établis et redonner un sens plus profond au concept de générosité au sein de l’activité humaine.
En conclusion, la réflexion sur la gratuité et la nécessité de vendre ce que l’on produit évoque des questions fondamentales sur la finalité du travail, la valeur de la contribution à la communauté et les principes moraux qui guident nos choix économiques. Alors que l’économie moderne tend à mettre l’accent sur la transaction financière, explorer des modèles alternatifs peut nourrir une vision plus holistique où la prospérité individuelle s’aligne sur le bien-être collectif.
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