« Les gens veulent des solutions pratiques, ils ne veulent pas connaître des théories » me répète-t’on souvent.
Qui sont alors ces gens, et peut-il y avoir d’autres gens intéressés par les théories, et qui donc ?
J’y vois une analogie avec le vélo : il suffit au quidam de voir que s’il pédale le vélo tient debout, il n’a pas besoin de savoir calculer les forces induite par l’effet gyroscopique des roues.
Néanmoins, si au lieu d’un quidam il s’agit d’un coureur cycliste professionnel qui participe aux recherches de perfectionnement de son outil de travail, il ne semble pas vain qu’il ait une culture, que l’on dirait « générale », sur les formules de physique newtonienne qui régissent ses déplacements, ainsi que sur la physiologie des efforts physiques.
On peut ainsi se demander si un professionnel doit être idiot de ce qui se passe lorsqu’il travaille ?
Si cela pourrait être ce qui le distingue de l’amateur, de celui qui aime son activité mais ne la comprend pas intimement.
La problématique étant alors de savoir comment transformer les équations en activités pratiques.
Ce qui était « traditionnellement » la fonction des ingénieurs.
Nous voyons donc apparaître 4 niveaux de connaissances et de pratique, entre le scientifique, pur théoricien, l’ingénieur qui fait le lien entre science et pratique, le technicien qui connaît la science et sait comment l’actionner, et l’usager qui fait usage sans savoir pourquoi cela fonctionne.
Donc si avec « les gens » on parle des usagers, je veux bien être d’accord avec le conseil de départ.
Mais le professionnel est-il un usager de ses outils, ou doit-il en savoir plus ?
La problématique est qu’il doit pouvoir exécuter et répéter ses tâches en sachant si elle vont être effectives ou échouer. Il ne fait du « test & learn » que rarement, occasionnellement, pour évaluer un nouveau mode de travail dont le besoin serait survenu. Et ces phases d’essais ne sont pas souvent l’objet de budgets, de financements. Il doit donc les exécuter en marge de son travail de production, rémunéré par les clients. D’où la demande de « solutions pratiques » pour savoir quoi essayer. Tout le monde n’est pas un champion sportif visant la performance ultime, mais le professionnel doit être en capacité de prévoir si un test sera satisfaisant ou un échec. L’essai a pour but de lever les incertitudes, qu’il faut limiter le plus possible pour des questions de coût.
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