Je trouve très intéressant de comparer les conseils de ceux qui se disent experts avec ceux de ChatGPT, lorsqu’on a un recul de quelques années de pratique pour être en mesure de se rendre compte par soi-même des usages communs. Cela ressemble à une foule de lemmings marchant dans la même direction que tente de dévier quelques uns désireux d’une autre situation, qui est totalement virtuelle, qu’ils désirent mais n’existe pas. Une lettre au Père Noël.

Donc que nous propose ChatGPT ?

• Facebook : Partagez des moments de votre vie personnelle, des expériences, et des nouvelles qui intéresseront vos amis.
• Twitter : Participez à des conversations autour de sujets qui vous passionnent. Utilisez des hashtags populaires pour toucher une audience plus large.
• Instagram : Mettez en avant votre créativité. Partagez des photos esthétiques, des moments inspirants, et créez des histoires visuelles.
• LinkedIn : Partagez des insights professionnels, des réussites, et participez à des discussions centrées sur votre domaine d’expertise.

Dans la pratique, on trouve beaucoup d’entrepreneurs sur Linkedin qui « partagent des moments de leur vie pro (ou parfois perso) avec leurs amis. » Un nombre conséquent qui se lancent dans des conversations qui les passionnent, soit que c’est une nouveauté (guerre, épidémie, ChatGPT, etc), soit que c’est un méfait d’un politicien ou d’un importun politique dont on veut se plaindre. Et enfin, depuis que Midjourney et Dall-E font des choses remarquables à peu de frais, c’est le concours à qui aura imaginé un prompt créatif époustouflant. Mais des « insights professionnels » c’est bien plus rare.

On se retrouve donc surtout avec une parodie de la Caverne de Platon, où des « ombres de la réalité » sont projetées par des marionnettistes à des prisonniers enchaînés qui ne font qu’opiner à ce qu’ils voient. C’est une variante digitale du Café du Commerce, pas un café-philo.

Or que cherche le professionnel si ce n’est de la visibilité ? Se faire connaître comme s’il s’était offert un encart publicitaire dans une rame de métro, si possible en ciblant les lecteurs. Et là clairement, ce qui fonctionne le mieux sont les histoires dont il est le héros, triomphant de l’adversité par un subterfuge adroit. Comme quoi le roman reste ce qui se lit le plus. Donc le genre de contenu qu’on pourrait attendre sur Facebook, pourvu qu’il y ait des péripéties.

Et dans ce cas comment utiliser le blog, puisqu’il s’agit alors d’un emploi de type annuaire, où on vous cherche par mots-clé plutôt qu’apparaître par chance dans le feed d’un de vos leads potentiels ? Déjà il faut savoir plaire à Google Search Console en étant verbeux, prolixe, mais pas trop car vous ennuierez vos lecteurs humains. Et qu’au travers de votre titre d’article, vous montrez que vous vous posez la même question que celle que vos attirés se posent. Et c’est là où en les intéressant vous aller les capter si vous savez les captiver. Au final il faut savoir écrire plaisamment, et efficacement.

Je ne crois donc plus trop à la capacité de ChatGPT à être employé comme ghost-writer. Il a un style trop lassant à lire, et répétitif. Il lui manque ce je-ne-sais-quoi (ou presque rien, merci Jankélévich), ce petit « supplément d’âme » qui fait que l’humain écrit avec des émotions, veut dire les choses avec une force que l’IA n’a pas. Par contre, pour préparer les textes, il vaut largement la consultation d’un expert, non pas pour ce qu’il sait mais pour ce qu’on retient de ce qu’il nous dit.

Donc ce qui doit marcher le mieux sont les « conseils et astuces », les « réflexions », les « guides » étape par étape. Car il faut retourner le besoin : quand on cherche un professionnel, par son métier, c’est qu’on a déjà décidé quoi faire ; mais si on cherche à décider ce qu’il faut faire, c’est là où on désire des conseils, ce qui n’est pas la même prestation. C’est là où on fait appel à Google, ou à GPT4. C’est donc eux vos lecteurs directs, ceux qui vont « liker » votre billet de blog, des IA.