De la stratégie de marché à la logique de rassemblement : penser hors commerce

De la stratégie de marché à la logique de rassemblement : penser hors commerce

Voulons-nous vraiment vivre dans une société rationnelle ?

Je pose la question parce que, franchement, à force d’entendre des entrepreneurs parler d’impact, de vision, de transformation… on finirait presque par croire qu’ils veulent des idées. Mais c’est bizarre, parce que quand on leur en sert, des idées, il n’y a plus personne. Silence radio.

Alors je me demande : est-ce qu’il y a vraiment un marché des idées ? Est-ce qu’on peut, comme ça, balancer un concept ou une intuition forte, et qu’en face, quelqu’un se dise : « Ah, tiens, ça m’intéresse, parlons-en » ?

Ou est-ce que c’est juste un mythe pour que les penseurs continuent de s’époumoner dans le vide ?

Une idée, ça ne se vend pas

On ne vend pas une idée. On vend un bouquin, une conférence, un atelier, un label. Mais l’idée elle-même, non.

Une idée, on la donne. On la balance. On lâche un truc, comme ça, au petit bonheur. Et puis on espère qu’en face, quelqu’un va lever la tête, dire merci, réfléchir un peu, creuser, discuter.

C’est là que ça se joue. Dans la reconnaissance. Pas dans le carnet de chèques.

La reconnaissance n’est pas qu’une récompense symbolique : elle est vitale. C’est ce qui permet à ceux qui pensent de continuer à penser. Sans ça, on éteint la lumière.

Du commerce à l’entre-donne

Vous, les entrepreneurs, vous êtes familiers de la logique de l’« entre-prise ». C’est votre domaine. Pour ma part, ce que je cherche à promouvoir, c’est une logique d’« entre-donne ».

Ce n’est ni du troc, ni une transaction commerciale. C’est autre chose. Vous m’adressez un signe, je vous rends un écho. Je vous tends une pensée, vous me renvoyez une question. Ce n’est pas de la consommation, mais de la circulation.

Mais pour que cette circulation ait lieu, il faut un minimum de retour. Pas seulement des vues. Pas seulement un like silencieux. Une réaction, un mot, une objection. Sinon, c’est une pompe sans amorce.

L’idée, tirée d’une chaudière vivante

Un penseur n’est pas une machine à produire des contenus. Il ressemble plutôt à une chaudière. Il faut de l’eau (matière), du combustible (intérêt) et un peu de pression (désir de sens) pour que ça chauffe.

Pas de retour, pas de chaleur. Pas de chaleur, pas d’énergie. Pas d’énergie, pas de pensée.

Et voilà comment on débranche les cerveaux sans même s’en rendre compte.

Changer de paradigme : rassembler plutôt que vendre

Du coup, j’en viens à me dire qu’il faut arrêter de chercher à vendre ses idées comme on vend des prestations. Ce n’est pas le bon canal.

Il vaut mieux rassembler. Trouver ceux qui veulent bien faire écho, discuter, prolonger. Ceux-là forment une sorte de petit cercle, un écosystème de résonance. Ce n’est pas rentable, mais c’est vivable. Et c’est plus sain que de s’épuiser à chercher une audience qui ne répond jamais.

C’est tout.

Mais franchement, si vous lisez ceci, cher ami entrepreneur, et que cela vous inspire une pensée, même en désaccord, dites-le. Car sans échange, je le dis sans acrimonie : je cesserai de frapper à votre porte. Je ne suis pas un distributeur automatique d’idées toutes faites.

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