Dernièrement j’avais identifié huit postures possibles quant à la manière d’avoir le rôle social et juridique de travailleur indépendant et éventuel employeur, aujourd’hui j’en suis venu à me demander si parler alors de dirigeant ou chef d’entreprise n’est pas réducteur, puisque je vois trois genres d’activités aux entrepreneurs : diriger l’entreprise, gérer ce dont elle a la charge, et établir des bonnes relations avec les parties prenantes (employés, clients, fournisseurs, collectivités).
La relation est un mot délicat dans notre langue latine puisqu’il découle du verbe ferō dont on connait mieux référer. Ferō signifie porter, comporter, rapporter, emporter, obtenir. Et lātus est le participe passé de ferō. La relation est donc littéralement de porter ailleurs, porter à nouveau, la rapporter à son point de départ. Donc en clair deux choses, êtres, sont mis en contact, portés l’un vers l’autre, ce qui est nécessaire à tout échange, à tout rapport.
Et donc il me semble voir 3 activités chez un entrepreneur :
- Direction : La direction implique généralement de fixer la vision, les objectifs et la stratégie globale de l’entreprise. C’est le processus de donner une orientation à l’organisation, de prendre des décisions stratégiques et de guider l’équipe vers la réalisation de ses objectifs à long terme. La direction est souvent associée au leadership, à la prise de décision et à la vision d’ensemble de l’entreprise.
- Gestion : La gestion, quant à elle, se concentre davantage sur la mise en œuvre des plans et des stratégies établis par la direction. Cela comprend la coordination des ressources, la supervision des opérations quotidiennes, la gestion des budgets et des projets, et la résolution des problèmes opérationnels. La gestion est souvent associée à des compétences telles que l’organisation, la planification et le contrôle.
- Relations humaines : Les relations humaines jouent un rôle crucial à la fois dans la direction et dans la gestion de l’entreprise. Elles concernent la manière dont les dirigeants et les gestionnaires interagissent avec leur équipe, leurs clients, leurs partenaires commerciaux et d’autres parties prenantes. Cultiver des relations humaines positives et constructives peut contribuer à renforcer la confiance, à favoriser la collaboration et à stimuler la performance globale de l’entreprise.
Alors bien sûr il faut aussi que l’entrepreneur soit compétent dans l’activité majeure de l’entreprise, pour pouvoir aussi bien communiquer sur cette activité qu’en gérer la mise en œuvre, parvenir à procurer ce qu’on lui demande conformément aux souhaits afin de satisfaire ses clients. Je suis porté à croire que tout le monde sait déjà cela. Toute entreprise s’appuie sur une expertise, la sienne.
En revanche il me semble qu’on saurait moins que dès qu’on entreprend, il va falloir allouer du temps à se faire connaître, rencontrer des gens potentiellement utiles, gérer son « carnet d’adresses » et diriger son action vers des personnes opportunes. Car chaque personne peut être en puissance de nous aider d’une manière ou d’une autre, pour autant qu’elle en ait envie. C’est cette idée du fameux « réseau » qui est cruciale car l’inbound marketing avec des sites web ne fonctionne vraiment qu’à partir d’une taille d’entreprise conséquente, ou si vous êtes spécialisé sur une « niche » avec peu de concurrence.
Or comment s’y prend-on pour cela, surtout si on y est peu disposé ? Il existe alors des réseaux « institutionnels » à des tarifs variables qui accueillent qui veut les rejoindre, et d’autres plus informel, presque « privés ». On s’y fait connaître, on sympathise, on est parfois informé d’opportunités, on discute de nos tracas, on y trouve éventuellement des ressources. Mais il y a également les réseaux en ligne, dits « sociaux », où la démarche est légèrement différente : de préférence avec régularité on va présenter des notions ou des astuces spécifiques à notre expertise, ou parfois des « billets d’humeur », ou encore, pourquoi pas, des poésies, des histoires personnelles, et interagir avec ceux qui nous parlent. Certains de ces réseaux sont alors plus efficaces que d’autres à vos affaires, selon le genre de votre expertise, à quel genre de clientèle elle s’adresse, et les réseaux qu’elle aime employer.
Le but est en réalité de communiquer sur votre autorité dans le registre de votre expertise, et d’apparaître plaisant, amical, auprès des gens avec qui votre entreprise pourrait être en relation commerciale. N’espérez pas réussir à plaire à tout le monde, pour des raisons parfois mystérieuse des gens se mettront à vous haïr, de manière plus ou moins franche. D’autres pourront vous trouver insignifiant, sans intérêt. Et c’est dans les contacts privés, individuels et personnels, que vous saurez déceler qui sont vos véritables amis, vos relations d’affaire solides, sur qui bâtir votre sécurité.
En effet, chaque marché, donc chaque forme d’expertise, est plus ou moins tendu. Dans mon petit coin de Bourgogne on manque clairement de couvreurs et de plombiers, leur besoin de « réseauter » est donc faible, l’inbound marketing suffit. Alors qu’en revanche je rencontre à chaque « réunion réseau » des coaches qui ont l’air plus ou moins désœuvrés, dont le carnet de commande paraît plus erratique, donc être dans une relative précarité. La précarité c’est quand « le frigo est vide et qu’on ne sait pas quand on pourra le remplir ». Au delà de la précarité on parvient au « désespoir alimentaire » lorsque l’urgence devient telle qu’elle devient vitale. Dans un monde « bien fait », personne ne devrait en arriver là, et c’est donc là où parfois un bon réseau peut vous sauver de cette tragédie.
Donc la « troisième activité » de l’entrepreneur est bien de relier et se relier aux autres, d’être comme un maillon social indispensable, d’avoir ce rôle dans la « cité » de connaître les besoins, de savoir qui peut y subvenir, à qui il faut faire appel pour satisfaire une demande.
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