Au sujet de l’IA

Au sujet de l’IA

L’Intelligence Artificielle Générative (IAG) me paraît être comme de passer des peintres portraitistes à la photographie, ou de l’écriture manuscrite à la dactylographie. Dans ces deux exemples on est passé de techniques qui demandaient de l’art (pardon pour ce pléonasme) à une autre forme de technique qui est celle de l’emploi d’appareils. Car prendre une belle photo ou réussir une belle mise en page d’un texte ne s’obtient pas juste en pressant des boutons, il y a également une certaine forme d’art chez ces utilisateurs. Et c’est cet art qui produit des documents qui ont une certaine beauté malgré leur artificialité. Or je ne crois pas que photographes et dactylographes ont remplacé les peintres et les écrivains manuscrits, bien qu’ils en aient réduit le nombre, mais qu’ils ont été une nouvelle gamme de travailleurs de la communication.

Il me semble donc que les IAG devraient de la même façon entraîner l’apparition de spécialistes de cette technologie, sans pour autant faire disparaître les précédentes. Car d’une part il y aura toujours des peintres et des photographes, et d’autre part viendront les compléter des sortes d’artistes de l’IAG, me demandant si on peut être un artiste complet en maîtrisant ces trois formes de techniques. Car l’IAG fonctionne assez comme le Petit Prince demandant à St Ex « dessines moi un mouton », sans avoir une capacité « innée » de saisir ce que le Petit Prince pourra trouver beau. Ce Petit Prince doit donc avoir une certaine maîtrise du « prompt », de ces instructions verbales en LLM qu’il faut fournir pour parvenir à un résultat potentiellement admirable.

Ramené à une problématique de communication d’entreprise, qui dans le cas des TPE est souvent gérée par le dirigeant lui-même, la question se posera donc du mode d’emploi des IAG. S’en servir pour décider ce que l’entreprise doit faire me paraît être un mauvais choix car l’IAG régurgite alors ce que les sites web et publications racontent, qui sont des « lieux communs » ne tenant pas compte de la singularité de l’entreprise. Néanmoins, discuter avec elle d’une problématique de gestion permet d’éclairer l’esprit lorsqu’on ne dispose pas d’un coach, associé, ou collègue compétent pour en parler. L’IAG est donc peu compétente, mais compétente en toutes choses, en particulier là où nous le sommes pas du tout. Nous répondant comme si nous parlions à un « miroir magique », elle accroît notre capacité de réflexion, mais ne la remplace pas.

Car si vous l’avez remarqué depuis un an, a fleuri comme une génération soudaine une multitude de « promptologues » montrant toute une gamme de techniques pour employer les IAG. Il me semble qu’il n’est donc plus question d’une technique comme pour le peintre, ou d’une habileté comme pour le photographe, mais d’une nouvelle forme d’expression de l’intelligence humaine pour commander un ordinateur. Au lieu de boutons qu’on clique, de menus d’actions, on peut à présent communiquer avec lui verbalement, pourvu qu’on soit un bon dactylographe, un bon communiquant. Or c’est à mon avis plus sur cet aspect qu’il y a un vaste besoin de développement des compétences. Beaucoup de gens me semblent avoir du mal à s’exprimer.

En effet, au fil des années j’ai fini par remarquer (et m’en étonner) que beaucoup de gens en situation d’autorité s’expriment par des phrases concises et précises, qui peuvent demander de la réflexion pour être comprises. Or ceci ne fonctionne pas avec une IAG qui, comme on le dit, a besoin de « contexte » pour comprendre de quoi on parle, et déterminer une réponse pertinente. Il semble donc y avoir besoin d’apprendre une nouvelle compétence en communication, à mi-chemin entre le concis et le verbeux. Ce me semble être là un nouvel enjeu pour les dirigeants.

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