Dans le nouvel axe pris par Koru Conseil, qui est passé d’une solitude à une petite équipe, et s’est donné un certain motto pour sa communication, il me paraît intéressant de noter des attaques de type sophismes, allant parfois jusqu’au « Point Godwin ». Or ceci me rappelle la particularité des projets de transformation dans les entreprises, qui suscitent des positionnement allant de l’enthousiasme à la haine, en passant par le scepticisme, l’indifférence, ou l’intérêt. Cette difficulté à susciter l’unanimité m’étonne. Mais il faut peut-être pour cela tenter de mieux comprendre son public, son apparent désir de discorde alors que nous tentons de prêcher la concorde.
Or, comme j’en ai déjà parlé, dans toute innovation il y en a que ça arrange et d’autres que cela dérange. La discorde dans un groupe doit alors probablement permettre un meilleur contrôle de ce groupe qui ne réagit alors pas par l’unanimité pour s’opposer à un projet qui ne lui plait pas. « L’effet de groupe » est annihilé, et on peut se servir des « lovers » pour attaquer les « haters ».
Et donc, comme il y a innovation projetée, il y a un auteur, qui cherche alors à avoir de l’autorité sans requérir le pouvoir et la force pour imposer sa proposition de changement. Ceci peut alors susciter des jalousies, des envies d’être aussi autoritaire pour être celui qui décide de la gouvernance, de la direction où on va. La solution simpliste de la direction imposée par une hiérarchie autocrate semble donc plus aisée, mais conduit paraît-il à 70% à des échecs.
C’est alors que se voit la problématique de la conversion, qui doit être volontaire et non forcée, et qui se produit à mon avis davantage parce que le nouvel adepte y voit un intérêt, une amélioration potentielle de sa situation, plutôt qu’être convaincu par un argumentaire de raisons. Par exemple, s’il se sent anxieux dans sa situation, et qu’il voit qu’en changeant de paradigme il parviendra à vivre plus détendu, cela paraît être un bon facteur de changement d’avis sur le monde.
Or un tel type de changement de paradigme a été cité par Pierre Hadot lorsqu’il parle de la « conversion spirituelle » qu’apportaient les philosophies grecques. Un inconvénient moderne est alors qu’on ne peut les réaliser qu’en étudiant les livres publiés à cette époque, tandis qu’ils étaient plus souvent enseignés oralement. Il pourrait donc apparaître que la présentation orale à une foule serait plus efficace que celle par écrit, qui peut être fastidieuse à certains. Mais nous devons alors noter qu’il y eut conjugaison de l’écrit et de l’oral, l’oral expliquant l’écrit chez Aristote.
La théorie de la dissonance cognitive de Festinger peut être un outil conceptuel puissant pour comprendre comment cette conversion pourrait se produire. Selon cette théorie, les individus éprouvent un inconfort psychologique lorsqu’ils sont confrontés à des idées contradictoires, ce qui les motive à rechercher la cohérence cognitive. Dans le contexte de la conversion philosophique, l’individu confronté à de nouveaux enseignements pourrait ressentir une dissonance entre ses croyances antérieures et les idées présentées.
Pour résoudre cette dissonance, l’individu pourrait être incité à réévaluer ses convictions existantes et à explorer activement les nouvelles perspectives offertes par le changement de paradigme. Le processus de conversion spirituelle serait alors facilité par la recherche d’une nouvelle cohérence cognitive, poussant l’individu à intégrer les nouvelles idées dans son système de croyances.
Ainsi, la théorie de la dissonance cognitive offre une perspective intéressante pour explorer comment la conversion spirituelle, telle que décrite par Hadot, pourrait se dérouler, tout en mettant en lumière l’importance de la communication orale et écrite dans ce processus évolutif de changement de paradigme.
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