Je distingue ici les Réseaux Sociaux online, virtuels, des Réseaux Privés, constitués par des réunions de personnes et des relations téléphoniques. L’un et l’autre se complètent : le RP permet des échanges plus approfondis ou fonctionnels, afin de solutionner des difficultés, tandis que le RS permet de « lancer des bouteilles à la mer » pour entrer en relation avec des inconnus distants. Le RS peut ainsi conduire à des rencontres de RP, et conserver les liens facilement, entretenir ce RP.
▪️ Ces réseaux n’ont-ils pour fonction que de passer de bons moments distrayants entre amis, ou sont-ils des instruments propices à nos affaires (carrière ou business) ?
C’est là peut-être où nous pouvons considérer cette opposition entre introvertis et extravertis, en nous demandant si pour chacun ils sont satisfaits ou contrariés. Car si au départ dans ma vie je dois m’adapter à une existence introvertie en étant ostracisé, j’ai pu connaître l’épanouissement d’une existence assez brève (4 ans) ou je peux jouir de mon extraversion latente, avec une grande joie. J’y parviens du fait d’être alors immergé dans une culture qui a conscience de l’importance des réseaux, et d’avoir bénéficié d’un petit « training » grâce à un logiciel ad hoc (Les Sims).
Or je crois qu’il ne faut pas aborder les gens dans une idée de profit, de se dire que c’est un client potentiel à qui on vendra ce qu’on propose, car c’est extrêmement hypocrite, et suscite le cynism (mot anglais) à votre égard. Il faut plutôt se demander si nous pourrions avoir des centres d’intérêts communs, des volontés qui se conjuguent en vue d’éventuels projets ou réalisations. Je crois également utile de montrer de la compassion en réponse aux difficultés qu’on nous expose, plutôt qu’une forme d’alliance en montrant par un blâme qu’on soutient le déboire de votre ami.
▪️ Est-ce alors perdre son temps, ou l’investir pour un bénéfice futur, dont on ignore au départ la nature ?
Ce qui me semble le plus utile dans un réseau est de pouvoir le solliciter pour des conseils lorsqu’on est perplexe, en adjoignant ses connaissances aux nôtres, en particulier sur les opportunités d’emploi ou de marché. C’est alors qu’il semble que certaines personnes se comportent comme si elles voulaient monnayer leurs connaissances, en particulier celles portant sur leurs relations, comme un entremetteur se faisant payer, une « agence matrimoniale ».
▪️ Mais ne donne t’on pas alors l’impression qu’on « se sert des gens », sous-entendant qu’on ne les paie pas à leur emploi ?
Ceci voudrait dire qu’il faudrait payer pour accéder à toute information, y compris celles des relations. Et que nous ne communiquerions que dans le but d’en retirer un profit. Et en effet certaines voix, comme Albert Borgmann et Hubert Dreyfus, se sont inquiétées que les RS soient surtout employés à des fins utilitaires et égoïstes plutôt qu’authentiquement amicales. Par exemple, Hubert Dreyfus met en avant que les interactions en ligne manquent de l’engagement et du risque associés aux relations réelles. Cependant, cette perception varie selon les contextes et les motivations des utilisateurs. Les réseaux peuvent aussi offrir des espaces de résistance démocratique ou de soutien pour des groupes marginalisés, ce qui montre que leur fonction dépasse souvent l’utilitarisme strict (Journal of Social Science).
Ainsi, bien que certaines critiques considèrent l’utilisation des RS comme potentiellement utilitaire et donc éthiquement problématique, ces plateformes offrent aussi des opportunités d’engagement authentique, notamment pour ceux qui sont marginalisés dans la société réelle. L’important est de trouver un équilibre entre l’usage utilitaire et l’engagement authentique dans ces relations en ligne.
▪️ Comment avoir un réseau fonctionnel ?
Il semble que tout réside dans l’identification de la fonction qu’on souhaite que notre réseau ait, et dans la localisation de ce réseau, s’il est online ou IRL (In Real Life, non virtuel). Et si j’aime trouver dans mon réseau conseils et soutien, comme auprès d’amis, d’autres y chercheront l’opportunité de clients, ou encore d’échanges sincères, authentiques. Chacun cherchera donc à ce qu’il comble des manques, et c’est en cela je pense que nous faisons société. Mais il ne faudra pas non plus tomber dans le sectarisme en ne fréquentant que les mêmes personnes en permanence, sans avoir des contacts hors réseau, ou sinon en fréquentant plusieurs réseaux.
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