Sais-je ou ne sais-je pas ce que peut être « la posture d’un dirigeant » en étant fils et frère de dirigeants, et ayant moi-même dirigé trois entreprises ? Sans compter les emplois dans des entreprises suffisamment petites pour que leurs dirigeants soient des gens que je puisse rencontrer et connaître, que ce soit en tant que l’un de leurs employés ou en tant que prestataire de services (informatiques).
Or il m’a été donné de noter un clivage entre eux et les autres gens en rapport avec eux, comme une forme de défiance. Je me suis alors demandé si cette exclusion du « corps social » était une forme de haine, ou une nécessaire solitude des dirigeants. Et quant à ma direction, j’ai plutôt l’impression de l’avoir exécutée en aveugle, à tâtons, maladroitement, n’ayant pour amis que ces pairs dirigeants, comme s’ils étaient les seuls capables de cerner mes tourments, en vivant peut-être les mêmes. Un peu comme si une voix m’avait dit « tu as voulu diriger, assumes le, tiens ton rôle. »
Par ailleurs, la posture est un mot qui ne se rapporte pas aux activités qu’on mène mais à l’attitude qu’on adopte. On pourra donc aller chercher dans le vocabulaire des mots comme patron, président, despote, tyran, chef, CEO, gérant, en remarquant que leurs acceptions diffèrent entre leur sens initial et celui actuel, courant. Choisira t’on alors d’être souverain, comme maître d’une « maison », « chez soi », ou plutôt protecteur, solidaire de ceux dont on est l’employeur, voire « servant leader » comme on le dit en anglais ? Un ami ex-dirigeant m’avait ainsi dit que « chez lui » il avait organisé la hiérarchie pour qu’elle soit à l’envers, qu’au lieu d’être seul à la tête il se sente comme le seul à la base.
Terme | Acception initiale | Acception actuelle |
Patron | Du latin patronus, protecteur, bienfaiteur. Maître de maison | Employeur, personne exerçant l’autorité dans une entreprise |
Président | Du latin praesidere, celui qui s’assoit devant les autres. | Chef exécutif d’une organisation, souvent élu ou nommé. |
Dirigeant | Qui donne la direction, guide. | Personne occupant un poste de direction ou de gestion dans une entreprise. |
Despote | Du grec δησπότης (dēspótēs), maître de maison. | Personne qui exerce un pouvoir absolu et arbitraire, souvent tyrannique. |
Tyran | Du grec τύραννος (túrannos), souverain. | Personne qui exerce un pouvoir tyrannique, oppressif. |
CEO | Chief Executive Officer, chef exécutif. | Dirigeant principal d’une entreprise, souvent responsable de la stratégie et de l’exécution. |
Chef | Du latin caput, tête. | Personne qui exerce l’autorité ou la direction dans un groupe ou une organisation. |
Gérant | Du latin gerō, administrer, conduire, avoir la charge. | Personne chargée de la gestion courante d’une entreprise ou d’un établissement. |
Or, à présent que j’ai tout mon temps pour prendre du recul sur ce que j’ai fait, je dirais que ma plus grande erreur, presque une faute, a justement été de ne pas prendre de recul à l’époque sur ce que je faisais et comment je le réalisais, ne sachant pas comment m’y prendre pour me contempler moi-même. Et ne m’étant pas non plus demandé si les gens pouvaient avoir d’autres attentes envers les dirigeants que les strictes conditions du lien de subordination contre salaire : donner des directives, contrôler leur exécution, sanctionner les manquements. J’ai donc agi en gérant, scrupuleux, et en tyran, souverain gouvernant dans son intérêt personnel plus que dans celui de son peuple. Pourquoi alors s’étonner qu’il m’était si difficile de parvenir à recruter des travailleurs pour m’aider ?
Certains, pour ce faire, vont se promener à la campagne, d’autre pratiquent la méditation, ou tiennent un journal, demandent des « feedback », et le font souvent en solitaire, parfois avec un coach. « Pourquoi ai-je réagi de cette manière ? Quelles étaient mes intentions ? Comment cela a-t-il influencé les autres ? » sont des questions qu’il importe de se poser lorsqu’on dirige une affaire, ce qui dépasse donc la simple gérance car c’est de l’image de soi dont on parle, de votre « branding » qui vous permet de commercer plus ou moins aisément. Et si le verbe « aimer » est un peu fort, le grec φιλίᾳ (philia) ou l’anglais to like expriment bien cette notion d’attirer pour être choisi, principe nécessaire à de futures ventes.
Ainsi, en investissant du temps et de l’énergie dans le développement de leur conscience de soi et de leur posture en tant que dirigeant, les entrepreneurs peuvent non seulement améliorer leurs compétences en leadership, mais aussi renforcer leur capacité à influencer positivement leur environnement professionnel et à atteindre leurs objectifs commerciaux.
En fin de compte, la pratique de la réflexion et de la contemplation devient donc bien plus qu’une simple discipline personnelle ; c’est un outil puissant pour façonner sa propre identité professionnelle et pour diriger son entreprise avec clarté, confiance et succès.
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