Le travail

Tout travail revient à produire quelque chose, biens ou service, mais comme on créé rarement les choses ex-nihilo, à partir de rien, il s’agit le plus souvent d’une transformation d’une ressource en un produit, qui n’est pas nécessairement fini, prêt à l’emploi, qui peut aussi être semi-fini, prêt à être joint à un ensemble plus complexe qui est lui utilisé par ceux nommés « consommateurs ».

Nous voyons alors que le travail n’est pas qu’une transformation, c’est aussi la fourniture à un client de ce qu’on produit, ce qui induit une « expérience client » de votre production, une satisfaction, un contentement. Or tous les clients ne sont pas aptes à juger de la qualité d’une chose, ce seront plus vos pairs travailleurs qui le seront, sauront voir la technicité de vos œuvres, et leurs défauts de réalisation quand ils auraient préféré que vous fassiez autrement.

Je ne suis donc pas adepte des « avis Google » sur les restaurants, et ceux de Gault & Milliau ne sont pas forcément non plus en rapport avec mes moyens et mes goûts. Je préfère aller là où les gens du cru aiment aller, être porté par la culture locale, que je crois plus perspicace que les goûts des touristes, plus en rapport avec les miens. Je crois donc que les traditions culinaires sont excellentes, et voyagent mal.

Partant de là, le fond de la problématique est plus dans choix de la production que dans la commercialisation. Un cuisinier ne sait pas couper des cheveux, à chacun son métier. Et si certains métiers comme cuisinier ou coiffeur sont perpétuels du fait de la physiologie de l’homme, d’autres naissent et disparaissent, ou se renouvellent. Dès lors, se rendre compte que vous n’arrivez pas à vendre peut signifier que vous essayez d’être coiffeur dans une nation de chauves, ou que les gens y aiment les cheveux longs. Se délocaliser peut alors être un remède. Mais il existe aussi l’éventualité que vous coupiez mal les cheveux, et qu’on ne vous le dise pas clairement, ou que vous les coiffiez si bien que vous devriez viser une clientèle de luxe en augmentant vos prix.

C’est alors là où la concurrence se fait sentir, et qu’on ne vous aide plus à progresser car vous risqueriez de prendre des parts de marché à d’autres plus féroces que vous. Ou qu’on tente de vous dérouter de votre route en vous conseillant des solutions plus classiques et moins techniques, à la portée d’un plus grand nombre. Om faut donc savoir entendre où et comment vous vous démarquez de ceux qui vous ressemblent, et observer ce qu’ils font de leur côté pour trouver leur clientèle, pour à nouveau vous démarquer d’eux par des meilleurs choix. Votre place existe forcément et vous n’y parviendrez pas toujours en quelques semaines, le chemin peut être long.

En conclusion, les compétences de production ont simultanément un ancrage dans les traditions culturelles pour ne pas causer une « dissonance cognitive » (Festinger) auprès de la clientèle avec des produits trop exotiques ou connotés, en même temps qu’un processus d’amélioration continue (appelé « Roue de Deming ») concerne autant les travailleurs que leurs produits. Car nous sommes nous-mêmes des produits de notre éducation (culture) et expériences (réalité), notre clientèle étant les gens que nous satisfaisons avec notre travail, notre production. L’idée de paiement, de contrepartie, devant venir en second, avec Kant qui nous souffle que tous les travaux ne sont pas forcément sujets à paiement, cela dépend de l’universalisme de l’acceptation de payer.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.