Il est d’usage de qualifier les entreprises en fonction de la solution qu’elles apportent à une clientèle cible. C’est à notre avis une erreur conceptuelle qui revient à regarder l’effet plutôt que la cause. Le travail, activité humaine, est en effet une activité de transformation. Or on nous paie pour notre travail, même si c’est l’effet de notre travail qui est vendu. Il faut donc savoir ce que l’entreprise transforme, en particulier lorsqu’elle a des difficultés pour trouver une clientèle à ce qu’elle produit.
Ce « processus métier » a été chez Koru Conseil « faire réfléchir les personnes et les organisations » de 2018 à 2022 et a trouvé une clientèle principalement avant et durant le confinement. Il y avait aussi des processus secondaires de « faire prendre conscience » et « d’influencer ». Mais l’effet de ces réflexions, donc le travail réalisé, n’était que peu monétisé par les clients. Ce type de métier n’est pas suffisamment dans les mœurs pour qu’on se sente moralement redevable d’avoir été aidé à réfléchir.
Il a donc fallu un temps de restructuration pour changer de processus métier, tout en sachant qu’on ne se métamorphose pas de cuisinier à maçon juste en changeant d’habits. Notre nouveau processus s’intitule donc « comprendre et informer ». Nous cherchons à transformer la complexité du monde pour le rendre clair, plus aisé à comprendre. C’est une activité dont les premières traces remontent à l’école philosophique de Socrate, telle que la décrivit avec humour Aristophane dans la pièce « Les Nuées ».
Notre clientèle sera donc des gens dans la perplexité du monde, qui se manifestent très peu mais dont nous sommes persuadés qu’ils existent, pour leur fournir en solution des éclairages logiques à défaut d’être clairs.
Car durant ces années, nous avons parfois été confrontés à de telles demandes. Or nous commettions l’erreur de chercher alors une solution alors que nous étions plus idiot sur le sujet que ne l’était notre consultant. Nous commettions une erreur méthodologique, de vouloir fournir un produit (de réflexion) sans l’avoir conçu et réalisé préalablement. Donc « comprendre et informer » répond à une demande que nous avons eu l’occasion de recevoir, car on nous croyait apte à le fournir, en tant que philosophe.
Si donc le philosophe est présumé « avoir tout compris », eh bien il faut qu’il ait des moyens de tout comprendre, de savoir tout expliquer, et donc s’en être étonné préalablement. Plutôt que « faire réfléchir », c’est à lui que l’on demande de réfléchir, afin de fournir des solutions aux problèmes des gens. C’est en cela que la méthode de Socrate, dont on a un aperçu dans les « Mémorables » de Xénophon, peut s’avérer utile pour résoudre n’importe quel problème de choix d’action.
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